Les Millennials, une légende urbaine ?

Comprendre stratégies et tactiques de marque, pour préparer le CELSA
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Les Millennials, cette fameuse génération Y, existent-ils vraiment ? La Fabrique de la Cité, think tank des transitions urbaines, s’est livrée à un travail de déconstruction en règle de la figure stéréotypée du « Millennial » – jeune ultra-connecté, cosmopolite et métropolitain, vert, engagé et détaché de l’idée de propriété, que ce soit pour son logement ou sa voiture. Le résultat : une nouvelle étude, « Les Millennials : une légende urbaine ? » qui révèle une génération Y bien plus hétérogène et diverse qu’on ne veut bien le dire, dont les rapports à la ville, complexes, ne sont pas si différents de ceux des autres générations ! Bref, une génération qui ne laisse pas enfermer dans un label et qui mérite – enfin – d’être considérée dans toute sa complexité.

Ceux qui se seront aventurés à taper les mots « Are Millennials/la génération Y est-elle … » dans la barre de recherche de Google pourront le confirmer : la génération née entre 1980 et 1995, considérée comme paresseuse, égocentrique et gâtée, fait l’objet des critiques les plus virulentes. Réfractaire à l’autorité, elle passerait d’un emploi à l’autre tous les ans sans plus de cérémonie, ne saurait plus communiquer avec son prochain et ne s’intéresserait qu’à elle-même. Comment peut-on prétendre représenter une génération forte de centaines de millions d’individus aux modes de vie, identités et circonstances économiques incomparables par une figure aussi manifestement minoritaire, aussi stéréotypée que celle du « Millennial » ? Aller au-delà du stéréotype, assumer la complexité, introduire de la rationalité dans nos analyses souvent ultra-subjectives et affectives de cette « génération », tels sont les objectifs que La Fabrique de la Cité s’est fixés en se penchant sur le thème des Millennials. Un thème peu étudié, notamment sous l’angle des rapports des jeunes à la ville, alors même qu’ils sont définis comme une génération urbaine et qu’ils façonneront les villes par leurs usages dans les décennies à venir.

À contre-courant du discours réducteur, influencé par le marketing, qui entoure le terme de « Millennial » et les 18-35 ans qu’il prétend dépeindre, La Fabrique de la Cité s’est attachée à déconstruire la légende urbaine des Millennials en analysant les comportements qu’on leur prête et les éventuelles spécificités générationnelles que trahiraient ces comportements. Parmi les idées reçues souvent attachées aux Millennials, citons, pêle-mêle, leur amour des transports en commun, leur préférence pour la cohabitation (motivée par de nobles idéaux de partage !), leur appétence pour les tiers-lieux ou encore leur attachement à la protection de l’environnement …

Pourtant, il n’y a rien là de générationnel : ce que révèlent les travaux de La Fabrique de la Cité, c’est, d’abord que les comportements attribués à ceux que l’on appelle « Millennials » sont ceux d’un sous-groupe minoritaire (les jeunes diplômés, aux revenus élevés, disposant des ressources nécessaires pour s’établir dans les centres-villes de grandes métropoles). Ensuite, les usages de ces jeunes, loin d’être apparus spontanément chez cette génération que l’on décrit volontiers comme radicalement différente des précédentes, sont tous tributaires de multiples facteurs indépendants de l’appartenance générationnelle : des niveaux d’éducation très disparates conditionnant l’accession à la propriété et une conjoncture économique défavorable marquée par des difficultés d’accès à l’emploi (ainsi la proportion d’individus propriétaires de leur logement aux Etats-Unis, toutes générations confondues, est-elle à son niveau le plus bas depuis le début des années 2000, tandis qu’en France, l’accession à la propriété est en baisse chez les plus modestes depuis les années 1980) ou encore la capacité de s’impliquer dans la vie civique … Quant à la conscience écologique des Millennials, son existence reste à démontrer : premiers adeptes des nouvelles technologies, les jeunes semblent méconnaître entièrement les effets environnementaux très lourds de leurs pratiques numériques.

Le propre des légendes urbaines est d’offrir la métaphore des espoirs et des angoisses que nourrissent les sociétés qui les voient naître. La légende des Millennials ne déroge pas à cette règle, en donnant davantage d’informations sur nos sociétés et sur nos réactions aux mutations qui les traversent que sur nos jeunes eux-mêmes. Lorsque nous fustigeons un jeune impatient, narcissique et désemparé lorsqu’il ne capte plus le wifi, ne nous livrons-nous pas à notre propre autocritique ?

Source : La Fabrique de la Cité.

Antoine

Antoine, SOS CELSA

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