Pascal Bruckner, Le sacre des pantoufles – Du renoncement au monde
Le pitch du Sacre des pantoufles, de Pascal Bruckner (2022) pose le sujet : « Le coronavirus n’a fait qu’amplifier une tendance lourde : le repli sur les pénates. (…) La maison de nos jours n’est pas un simple abri, elle est devenue un espace en soi, douillet et connecté, qui supplante le globe. Et si cette réponse archaïque était devenue un antidote à toutes les menaces du monde ? »
Rétractation. Selon l’auteur, depuis le Covid, les nouvelles générations sont pantouflardes et manquent d’ambition. Pire : les jeunes, traumatisés par les crises, contribuent même à une « tyrannie sédentaire », à une « mentalité du renoncement », à une rétractation ; « Le XXIe siècle, commencé avec les attentats du 11 septembre 2001, se poursuit de nos jours avec la menace du dérèglement climatique, la persistance du coronavirus et enfin la guerre en Ukraine. Autant de calamités qui favorisent ce qu’on pourrait appeler la Grande Rétractation. Cette accumulation d’infortunes traumatise durablement une jeunesse élevée, en Europe de l’Ouest au moins, dans les douceurs de la paix et les promesses du bien-être et qui n’est nullement prête à affronter l’adversité. »
Bruckner affirme que le renoncement au monde, le repli sur soi est ce qui menace nos sociétés modernes, obsédées par le retour à l’intime, à l’intérieur, à la fusion avec les écrans plutôt qu’au risque de la rencontre, du dialogue, de l’innovation, de la confrontation avec l’inédit de chaque jour qui naît.
Peur du dehors. Désormais, le dehors symbolise le danger et l’espace public devient le domaine de la suspicion. En regard, nous assistons à l’extraordinaire élargissement de l’espace domestique, décuplé par l’hyperconnexion qui caractérise désormais nos vies. Restauration, cinéma, concerts, sport sont désormais mobilisables à tout moment entre les quatre murs de nos habitations. Pourquoi chercher à l’extérieur ce que l’on peut convoquer à tout moment à l’intérieur ? Dans son chapitre lumineusement intitulé « Le bovarysme du portable », Pascal Bruckner démontre à quel point notre téléphone mobile « nous offre une existence trépidante qu’il nous dispense d’éprouver ». La conséquence, c’est « la réhabilitation de l’homme du commun sur l’être d’exception ». C’est aussi l’ennui généralisé, provoqué par « la somnolence des jours identiques ». « Le pyjama et la pantoufle sont devenus des objets politiques », conclut l’auteur, qui estime que « la tyrannie de l’homme sédentaire a commencé ».
Sources qui intéresseront les prépas CELSA pour aller plus loin :
- https://www.marianne.net/agora/lectures/le-sacre-des-pantoufles-de-pascal-bruckner-la-revanche-des-boomers-qui-detestent-quon-les-traite-de-boomer
- https://www.culture-tops.fr/critique-evenement/essais/le-sacre-des-pantoufles-du-renoncement-au-monde
- https://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/la-colere-de-bruckner-contre-un-monde-rabougri-1869571
- https://www.francisrichard.net/2022/10/le-sacre-des-pantoufles-de-pascal-bruckner.html